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laires, — ne sachant se faire d’autre opinions que celle qu’il trouve toute faite dans la feuille qu’il a l’habitude de lire, cela n’aurait rien de surprenant et, malgré qu’ils soient la majorité, cela serait même de peu d’importance, étant donné que l’opinion de ces gens-là ne compte pas aux jours de révolution ou de simple agitation, toujours entraînés, qu’ils sont, par les plus actifs. Mais, ce qui est plus désolant, c’est qu’il s’en trouve comme cela une foule qui passe pour avoir de l’intelligence, et qui parlent et écrivent sur l’anarchie et la sociologie, dans les mêmes conditions qu’en raisonne le lecteur du Petit Journal.


C’est qu’il est plus facile d’adopter une opinion courante, de parler à tort et à travers, que d’étudier l’objet de la question que l’on veut discuter, de l’analyser, et la retourner sous toutes ses faces, afin d’en parler en connaissance de cause.

Il y a si peu de gens voulant se donner la peine d’apprendre sérieusement, qu’il ne faut jamais s’étonner de voir accepter comme choses acquises et circuler dans le public un tas d’idioties que cinq minutes de raisonnement suffiraient à faire rejeter.

Et, pourtant, s’ils veulent se débarrasser de leurs maîtres politiques et économiques, il faudra que les individus sachent, au préalable, se débarrasser le cerveau de toute la crasse d’ignorance, d’opinions reçues, et de préjugés absurdes qui ont accumulé les siècles d’oppression et d’obscurantisme. Ce n’est que lorsqu’ils auront su briser les entraves factices que leur mettent les préjugés, que lorsqu’ils au-