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se propage, court les foules, et dont on ne se débarrassera que très lentement et très difficilement.


Si vous dites à ces gens là que l’anarchie n’est pas ce qu’ils pensent. Que c’est une théorie — discutable comme toutes les théories, mais — ayant ses faits, ses arguments, sa philosophie, et que, à l’heure présente, il existe une littérature richement fournie, destinée à expliquer ce que veulent les anarchistes, ils vous répondrons que, n’ayant pas de temps à perdre, ils n’ont pas besoin de lire ces élucubrations de fous pour savoir, mieux que vous, que l’anarchie ne tient pas debout, et n’est pas une théorie à l’usage des gens sensés.

Si, sans vous rebuter, vous vous mettez alors à développer certains aperçus de la théorie, ils vous répondrons alors :

« L’initiative de l’individu ! son self-développement ! son autonomie ! ça, de l’anarchie ? vous voulez rire ? mais ça n’a rien de neuf. Il y a longtemps que ça existe en Amérique. Vous vous trompez, mon cher monsieur, ça n’est pas de l’anarchie ».

Et voilà des gens qui n’ayant jamais lu sur l’anarchie que ce qui émane de ses adversaires, prétendent connaître l’anarchie, la combattre et la terrasser. — Par des lois, il est vrai, et non par des arguments. Mais comme les lois peuvent bien emprisonner les corps, mais non la pensée, elles restent inefficaces, et l’anarchie continue à faire fermenter les cerveaux.

Si, à raisonner de cette façon, il n’y avait que l’imbécile lecteur du Petit Journal — ou de ses simi-