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rence d’avoir inventé des théories nouvelles, et qui n’ont pas besoin d’attendre aucune autre impulsion pour déraisonner sous prétexte de logique. On comprend, qu’avec tous ces éléments, la presse bourgeoise a eu beau jeu pour présenter l’idée anarchiste sous un jour très défavorable.

Aussi, même aujourd’hui où existe toute une littérature anarchiste, où abondent journaux, brochures, volumes ayant pour tâche d’expliquer ce que l’on entend par anarchie, la plus grande partie des gens cependant, comme je le disais dans le chapitre précédent, ignorent ce qu’est l’anarchie.

Trop paresseux d’esprit pour se donner la peine d’étudier une idée qu’ils abominent, ils préfèrent s’en rapporter à l’affirmation que, tous les matins, leur apporte leur journal favori. Pour eux, une société anarchiste signifie : désordre, conflit permanent, lutte continuelle entre les individus.

D’après leur conception, l’idéal anarchiste ne peut-être qu’un retour vers la horde primitive ; les individus n’étant plus maintenus par la discipline, par le frein de l’autorité, ne pourront dans leur société, trouver d’occupation plus agréable que de se manger les nez ; les forts ne sauront autrement employer leur force qu’à opprimer et exploiter les faibles.

Pensez donc, monsieur : « Plus de société ! plus d’autorité ! plus d’organisation ! plus de famille ! plus rien, monsieur ! Les anarchistes veulent tout supprimer ! S’ils ne sont pas des criminels, ces gens-là sont des fous, dont la société doit se débarrasser ».

Et comme une imbécillité est plus vite acceptée qu’une vérité, voilà une opinion toute faite qui