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lées, hardies, curieuses de voir et d’apprendre, on se chargera d’étouffer cela. L’opération demande un peu plus de trois mois, mais les résultats n’en seront pas moins complets. On leur rendra des êtres dévirilisés qui, par peur de la lutte, n’auront qu’un objectif : se caser dans quelque fonction où ils n’auront plus à réfléchir, plus à s’inquiéter du lendemain.

Les injustices les plus criantes se perpétreront sous leurs yeux sans qu’ils les voient. Les plaintes des victimes s’élèveront, stridentes, à leurs oreilles sans qu’ils les entendent. L’éducation universitaire aura fait son œuvre en interposant, entre eux et la réalité, le voile des hypocrisies et des conventions, en obscurcissant à jamais, en totalité ou en partie, la lumière de la vérité.

C’est que, les premières notions acquises, sont celles qui se gravent le mieux dans le cerveau, et sont les plus difficiles à arracher ; acceptées sans discussion, comme vérités acquises, nous continuons par habitude, à les professer pour vraies. Il nous faut, plus tard, nous livrer des luttes violentes en nous, pour en reconnaître la fausseté.


Qui de nous peut se vanter d’avoir conservé la vision intacte ? Notre éducation faussée nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont. La pleine lumière nous gêne, il nous faut des lunettes, des ombrelles, des rideaux, des volets, des écrans qui nous tamisent la lumière, ne la laissant pénétrer que graduellement, de façon à ne pas fatiguer nos pauvres yeux désaccoutumés du plein soleil.