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sion qui les poussait à avoir raison contre leur époque.

Mais si, au point de vue judiciaire, on risque peu à se faire le champion du vrai, si l’on peut avoir raison contre le pouvoir politique, il n’en est pas de même de l’organisation économique qui a crû en force et puissance. Et ce que celle-ci a su mettre de chaînes et d’entraves à la pensée humaine est incalculable !

Combien sauraient mourir bravement dans la lutte, mais sont incapables de résister à la misère prolongée ? Combien sauraient l’endurer eux-mêmes mais qui, pris par les devoirs familiaux, doivent écraser les velléités d’indépendance qui auraient tendance à fuser dans leurs actes, leurs paroles, leurs écrits ?

Libres ! vous êtes libres : seulement, comme vous ne pouvez vivre qu’en louant votre force de production et que ceux qui l’emploient ne veulent pas qu’il soit rien dérangé au magnifique état de choses qui les met à même de vous exploiter, vous qui avez rêvé de troubler un si bel état social, soyez libres de crever de faim, il n’y aura plus de travail pour vous.


Aussi, aidé de la peur du lendemain, l’enseignement officiel a si bien tué les individualités, déprimé les caractères, avachi les énergies, que les bourgeois eux-mêmes sont forcés de crier à la déchéance et veulent réagir, en créant pour les leurs, à coté de ce qu’ils ont fait, un enseignement chargé de réveiller les énergies endormies, de susciter les initiatives émasculées. Tel M. Démo-