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de crainte, le plus souvent, de paraître original ! comme si ce n’était pas là le fond même du développement de notre individualité.

Aussi, au lieu de tendre à s’élever, au lieu d’essayer de sortir de l’abaissement général, l’on n’a qu’un but : ne pas trop détonner au milieu de l’effacement ambiant.

Partout des gens qui, pour ne pas avoir à lutter pour leur existence, cherchent à l’accrocher au fameux char de l’État. Partout l’oppression subie par les individus, parce qu’on leur a fait croire qu’ils s’opprimeraient mutuellement, si personne n’était spécialement chargé de ce soin.

Partout la misère endurée par ceux qui produisent, la misère endurée jusqu’à la crevaison, parce que l’autorité, en bonne protectrice des privilégiés, a fait croire aux exploités qu’ils seraient forcés de se disputer les fruits de leur travail, si une organisation tutélaire n’était pas là pour en enlever la meilleure part.

Et ainsi marchent nos sociétés, dites policées, — sans doute parce que la police en est le plus ferme soutien.

Ne pouvant empêcher la science de se faire jour, nos maîtres l’ont canalisée, ont mis des entraves à son expansion, l’ont réservée soigneusement à ceux de leur caste, ne laissant filtrer jusqu’aux exploités que ce qu’il était impossible de leur cacher ; mais en la dénaturant et la bourrant de préjugés absurdes, de façon à fausser la conception de ceux auxquels elle arrivait ainsi sophistiquée.

Et ces préjugés, ces idées toutes faites, ces notions fausses nous sont tellement incorporés, que