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L’éducation accaparée par l’État ne pouvant se donner que sous son contrôle, ne permettant à la famille de la donner que sous certaines conditions, ayant créé une caste à part de ceux qui sont chargés de l’enseignement, part de cette vérité originelle que l’homme est un être paresseux, qui ne pense et n’agit que sous la pression du besoin, mais qu’ils ont trouvé le moyen de changer en erreur, en mettant des entraves à la satisfaction des besoins, et en venant substituer leurs volontés et leurs méthodes à celles du besoin lui-même.

Et alors, au lieu de chercher à développer le besoin d’apprendre que possède tout individu, au lieu de s’inspirer des résultats acquis pour faciliter la recherche à toute conscience en éveil, au lieu de rendre la tâche attrayante, ils ont fait de l’éducation un instrument de torture, de l’école une géhenne. Ils ont prétendu fourrer de force, dans la tête des gens, des idées qu’ils n’étaient même pas sûrs de bien comprendre eux-mêmes, de façon à répugner même aux plus assoiffés d’apprendre.

Ce système qui avait pour résultat de façonner les cerveaux à la guise des éducateurs, de tuer l’initiative de l’élève, en lui bourrant la tête d’idées toutes faites, ne demandant que de la mémoire et non de l’esprit critique — ayant même bien soin de l’étouffer lorsqu’il voulait s’exercer, — faisait trop bien l’affaire de ceux qui se sont donné pour mission de diriger l’humanité, pour qu’ils n’essayassent pas de le perfectionner dans ce sens. Car, comme l’organisation capitaliste qui s’est créée par la force des choses, et non d’après un plan préconçu, de même l’éducation s’est d’abord faite