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Cela demanderait peu d’efforts de la part des travailleurs, moins qu’une grève partielle qui peut durer des mois, tandis que huit jours de grève générale seraient la ruine pour nombre de capitalistes.

Tout ouvrier qui travaille, en s’y préparant à l’avance, peut économiser de quoi rester quinze jours à se croiser les bras. Et avant qu’il ait vu la fin de sa réserve, les capitalistes auraient capitulé.

Même ne se faisant que pour la réalisation des réclamations anodines qui forment l’idéal actuel des travailleurs, la grève générale ne tarderait pas à amener l’affranchissement des travailleurs, car ceux-ci voyant la facilité qu’ils auraient à faire capituler leurs exploiteurs, ne tarderaient pas à devenir de plus en plus exigeants.

Si le mécanicien refusait de guider sa locomotive, si le mineur refusait d’extraire la houille, si le facteur refusait de distribuer la correspondance[1], si le télégraphiste, le téléphoniste, refusaient de transmettre les dépêches, d’assurer les communications, si le boulanger refusait de cuire du pain, s’imagine-t-on la détresse des bourgeois devant cette inertie ? Ce serait la mort des affaires.

On fusille ceux qui descendent dans la rue, mais où trouver le prétexte pour en faire autant à celui qui se contenterait de rester chez lui ? On emprisonne bien, dix, vingt, cinquante, cent individus, dans les circonstances exceptionnelles, mais comment emprisonner ceux qui se contentent de dire : voici ce que nous voulons, nous ne travaillerons

  1. Depuis que cela a été écrit, une grève de facteurs a eu lieu, qui a duré deux jours, venant démontrer, ce que pourrait faire la force d’inertie, si on savait l’employer.