Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est une brèche de faite à sa croyance, une entrée ouverte à l’idée d’expropriation, si nous nous trouvons en ce moment avec eux.

L’armée, la police, la magistrature, l’administration, toute la force sociale est mise en branle, lors d’une grève pour venir au secours des capitalistes auxquels on demande d’être moins rapaces dans leur exploitation.

C’est encore une leçon de faits venant démontrer aux travailleurs que cette légalité dont on leur prêche l’obéissance n’est faite, contre eux, que pour leurs exploiteurs. C’est ce que nous pouvons mieux leur faire comprendre, en nous mêlant à leurs luttes.

Et c’est aussi un moyen de lutte, parce que, si impuissantes qu’elles soient, la bourgeoisie les redoute ; car elle n’est jamais sûre de ne pas voir ses esclaves prendre conscience de leur force et de leur droit, qu’elle ne sait jamais ce qui peut sortir d’une coalition de ses victimes, et craint, à chaque moment, de les voir se soulever et balayer ses institutions, issues du vol et de l’injustice pour défendre le vol et la fraude.

Et c’est ainsi que, tout en étant inefficace pour l’émancipation des travailleurs, la grève, à défaut de mieux, devient une menace contre l’exploitation bourgeoise, l’empêche d’augmenter, au gré des désirs du capitaliste, et peut fournir un puissant moyen d’agitation, en démontrant aux travailleurs qu’ils n’ont rien à attendre de leurs exploiteurs ; qu’il n’y a pas d’entente possible entre eux et ceux qui vivent de leur travail ; que le capital est une institution malfaisante qui doit disparaître.