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des mécaniciens dont je parlais dans l’avant-dernier chapitre et qui durent succomber après six mois de lutte, et avoir dépensé des millions. C’est ainsi que la grève des mineurs et des carriers de la Galles du Sud qui eut lieu quelque temps après et entraîna dans la lutte une centaine de mille hommes, dura près de onze mois, dépensant encore plus de millions que celle des mécaniciens, dut, également avorter, les hommes subissant les conditions des maîtres encore plus dures qu’au début.

Mais le pis de tout cela c’est que, tout en étant inefficaces à apporter aucune amélioration au sort des travailleurs, elles restent toujours inévitables, vu que le travailleur est bien forcé de défendre son salaire : tant qu’il est contraint de vendre sa force de travail, et que ses désirs ne peuvent aller au-delà d’une augmentation tant qu’il n’a pas compris l’illégitimité de l’exploitation et de la propriété individuelle.

Imbus du principe de légalité que leur prêchent les politiciens ; n’ayant pas envisagé d’aspiration meilleure qu’une augmentation de salaire, ou une diminution de la durée de la journée de travail, la grève s’impose à leur esprit comme un moyen de lutte, et c’en est un, en effet, puisque, étant donnée la situation, il n’y a plus que la résistance aux prétentions patronales qui puisse mettre un frein à leur avidité.

L’ouvrier croit à la légitimité du capital, il se résout à être exploité par lui, mais il pense aussi que ce dernier lui doit, en échange de son travail, une rémunération suffisante pour satisfaire ses besoins et ceux des siens. Lorsqu’il ne l’obtient pas,