Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

véritablement ouvrier, pussent y exercer aucune action.

S’étant tenus trop à l’écart du mouvement ouvrier proprement dit, ils en étaient inconnus; les politiciens purent s’en faire les directeurs, y allant porter leur action déprimante et dévirilisante, sans qu’aucune voix eût le loisir de s’y faire entendre pour mettre chaque chose à son point.

Aujourd’hui, l’idée s’est synthétisée, a pris corps; une ligne de conduite générale s’en dégage nette et précise, indiquant ce qui est conforme à l’idée, ce qui s’en éloigne. Les anarchistes doivent perdre cette tendance qu’ils ont de se croire une aristocratie intellectuelle, cette propension à ne voir, en ceux qui ne pensent pas comme eux, que de simples tardigrades dont il ne vaut pas la peine de s’inquiéter.

D’aucuns croient pouvoir s’immiscer dans les groupements syndicaux pour s’emparer de leur organisation, en flattant leurs idées de réformation, s’imaginant qu’ils pourront ensuite les diriger dans la voie de la révolution.

Cela c’est encore une façon de faire de la politique, et ils risquent fort d’y perdre tout au moins leur temps, sinon de s’y embourber.

Pour pouvoir y parler librement, pour s’y faire écouter fructueusement, il faut y déployer, certainement, beaucoup de souplesse, de tact et de ténacité, mais non de la ruse finassière dont les résultats, tôt ou tard, risquent de se tourner contre votre habileté.