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grandes agglomérations, loin des gouvernements, loin des lois, que l’on pensa d’abord réaliser le nouvel état de choses.

On se rappelle ce courant d'émigration qui, il y a une quinzaine d’années, entraînait les individus vers les pays neufs : l’Argentine, le Brésil, les individus espérant trouver là-bas non seulement les moyens de vivre plus largement, mais aussi la liberté qui leur manquait ici.

Nombre de camarades subirent l’influence de ce courant, et crurent possible de vivre en échappant à la réglementation qui nous entrave dans les vieilles civilisations.

D’aucuns crurent pouvoir fonder des groupes où ils auraient essayé d’harmoniser, autant que possible leur existence, avec leurs convictions, selon la possibilité des circonstances. La colonie Cecilia en restera l’exemple le plus frappant.

Mais ces tentatives échouèrent — pour une foule de raisons, dont les principales sont le manque d’entente, manque d’argent, spoliation de la part de certains, manque de persévérance, désillusion de la plupart, qui avaient rêvé d’y trouver un paradis, et y retrouvaient les mêmes inconvénients qu’ils avaient cru fuir, en abandonnant le pays natal.

Et cela était inévitable. On ne passe ainsi, brusquement d’une société où la lutte, l’égoïsme sont obligatoires entre chaque être, à une société où les relations d’individus seront toutes d’amour, de sympathie, de bienveillance, de solidarité, où il ne faudra prendre garde aux défauts de ceux qui vous entourent, savoir passer telle manie à l’un pour qu’il vous passe telle autre. La société actuelle ne nous a nul-