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anarchistes, la haine de l’autorité, la crainte de se trouver enrégimenté malgré soi, fit que les anarchistes surent éviter le danger, et que les tentatives échouèrent.

Mais on tomba dans l’excès opposé. Après une certaine période d’activité, les groupes se disloquèrent; plus nombreux croissaient les anarchistes, plus rares se faisaient les groupes, moins actifs étaient ceux qui résistaient ou se formaient.

Il faut dire que les persécutions policières ont grandement aidé à cette dislocation des groupes : avoir la perspective que, sitôt que l’on sera connu comme anarchiste, l’on aura sans cesse des policiers à ses trousses, inquisitionnant chez vos voisins, jusque chez votre patron, et que l’on sera marqué pour les rafles futures, n’avait rien qui puisse attirer les gens.

Sans compter les petites localités où ces vexations peuvent faire mettre l’individu à l’index du patronat, le condamner à la misère, lui et les siens.

Mais une autre cause encore a contribué à l’insuccès des groupes; c’est cet état d’esprit qui, chez la plupart des anarchistes, leur fait espérer une réalisation immédiate de leurs conceptions, croire à une transformation magique de l’état social actuel, ne voulant s’atteler qu’à des besognes grandioses, négligeant de voir les points de détails qui, eux, peuvent être immédiatement réalisés et, une fois réalisés, aider à la réalisation d’autres plus importants.

Et c’est faute d’avoir su donner un aliment à l’activité de ceux qui s’y présentaient, que les groupes n’ont su se maintenir.