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On désertait par coup de tête, parce que tel chef vous faisait la vie dure ; pour toutes sortes de raisons personnelles qui laissaient aux auteurs de cet acte comme une sorte de remords d’être en faute avec les lois.

Aujourd’hui, on déserte, pour des raisons, personnelles sans doute, mais aussi parce que l’on sait que l’on veut la disparition des armées permanentes, et que ne pas s’y laisser enrôler, c’est la façon la plus rapide de les détruire.

On déserte, parce que l’on ne reconnaît pas à l’État le droit de s’emparer d’un certain nombre d’années de votre existence, et que la meilleure façon de lui dénier ce droit, c’est de ne pas se laisser enrôler parmi ses esclaves.

Jusqu’à présent, vu le nombre relativement insignifiant de ceux qui désertent, cela n’apporte aucune désorganisation dans le recrutement de l’armée.

Mais l’idée anarchiste qui, déjà, a fait augmenter les actes d’insoumission, en se développant elle-même les fera augmenter encore davantage. Et alors, quand un nombre considérable de conscrits prendra le chemin de l’étranger au lieu de celui de la caserne, que fera l’État ?

Sans compter que, tant que les actes d’insoumission restent isolés, ceux qui les accomplissent, s’ils veulent conserver leur liberté sont forcés de fuir ou de se cacher, mais lorsqu’ils deviendront nombreux, c’est qu’il se sera créé un état d’esprit qui leur sera favorable. Alors, au lieu de fuir ou de se cacher, on commencera à lutter contre le gendarme.

Sous Napoléon Ier, les désertions et les actes d’in