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que la prise de la Bastille, fut, matériellement une chose insignifiante, mais importante par son effet moral ; car elle fit trembler la royauté, donna du cœur au ventre du Tiers qui, peut-être, sans cela, n'aurait pas su parler en maître au roi et à sa séquelle.

Et la marche des femmes sur Versailles ! — La fermentation soulevait Paris. On accusait la Cour d'être, par son éloignement de Paris, cause de la cherté des vivres. On murmurait, disant qu'il fallait forcer le roi de revenir à Paris.

Un matin, une jeune fille s'empare d'un tambour au poste Saint-Eustache, se met à battre de la caisse à travers les rues, la foule s'amasse et la suit, et une armée de femmes s'organise, envahissant l'Hôtel de Ville, bousculant, tant soit peu, les membres de la Commune, les traitant de mauvais citoyens, et ne parlant rien moins que de mettre le feu aux paperasses et au bâtiment.

Ici, arrive Maillard qui les détourne de mettre leur idée à exécution ; mais n'y parvient qu'en leur conseillant de marcher sur Versailles, et en s'y laissant entraîner avec elles, d'où elles ramenèrent le roi et sa famille, ce qui, en les mettant sous la surveillance directe de la population, apporta plus d'une entrave à leurs menées contre-révolutionnaires.

Et ce Maillard qui surgit on ne sait d'où disparaît ensuite dans la foule, pour ne reparaître qu'une autre fois, lors des fameuses journées de septembre. L'histoire n'en reparle plus ensuite.

Au 10 août 92, lorsque les Parisiens s'emparent des Tuileries et font la famille royale prisonnière,