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de l'individu, en son énergie, en son initiative appliquée à propos, avec persévérance et continuité.

Si nous prenons les faits des révolutions passées n'y voyons-nous pas que le peuple n'est vainqueur que lorsqu'il agit par lui-même, sous la poussée des événements ? et n'est battu que lorsqu'il s'est donné des chefs.

Chaque fois que la masse se soulève, agit, la première explosion est toujours le fait d'un mouvement spontané. Sans chefs, sans mot d'ordre, c'est sous la seule impulsion des circonstances qui se font sentir, que la foule s'est levée, qu'elle accomplit les actes dont la nécessité s'impose. Ce n'est qu'après la victoire, qu'apparaissent les chefs !

En 89, pendant que les États Généraux, discutent, ergotent avec la royauté, que fait la foule soulevée ? — Une parole est sortie on ne sait d'où. Une bouche inconnue a crié : à la Bastille ! — la Bastille passait pour le rempart de la royauté, incarnait la légende de la tyrannie. — Aussitôt la foule, sans ordres, sans chefs, se rue à l'assaut de la forteresse, organise l'attaque, et la Bastille est prise.

Quelques noms surnagent bien de la foule, mais ce ne sont pas des chefs, ceux qui paient d'initiative seulement ; dont les avis, et non des ordres, ne sont suivis que parce qu'ils concordent avec le sentiment de la foule, et dont la personnalité disparaît l'action accomplie.

Si on débarrasse le fait de sa légende, on reconnaît