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bataille électorale, les candidats et leurs comités n'eurent plus qu'un but ; triompher de l'adversaire, aller trôner au Palais Bourbon. Lorsque le « minimum » fut trouvé trop révolutionnaire, on y fit des retranchements, on y ajouta des réformes plus anodines encore dont l'on s'empressa de vanter les bienfaits émancipateurs. — Les considérants révolutionnaires s'en allèrent à vau-l'eau.

A tout prix, décrocher la timbale électorale, devint le seul objectif. On conclut des alliances avec les candidats plus modérés (de forme), au besoin avec les monarchistes. Aujourd'hui ces pseudo-révolutionnaires ne sont que de vulgaires politiciens.

N'a-t-on pas vu, dans les dernières élections, Deville, pour décrocher quelques voix de plus, renier tout son passé révolutionnaire, mentir et nier toutes ses affirmations antérieures ?

Et toujours, sauf les cas extrêmement rares d'une volonté tenace, il en sera ainsi de tous ceux qui se mêleront sérieusement à quelle que tentative que ce soit.

Le but immédiatement réalisable fera perdre de vue le but plus éloigné, et toujours l'accessoire l'emportera sur le principal.

Cela me rappelle une conversation que j'eus avec Labusquière, quelque temps après l'apparition de L'Égalité(2e série). Ayant leur journal, déjà les chefs collectivistes se désintéressaient de notre groupe des Ve et XIIIe où ils ne manquaient aucune séance auparavant. J'allais chaque semaine, à l'imprimerie de l'Égalité,aider à l'expédition du numéro. Un jour vint Labusquière :

— Eh bien ! me dit-il, quoi de nouveau au groupe des Ve et XIIIe ?