Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

en les manifestations de la lutte quotidienne pour s'y noyer dans les détails. Il ne faut pas, sous prétexte de «côté pratique» à cultiver, laisser l'idéal de côté pour s'enliser dans le mouvement de réformes.

Il en est des manifestations de la lutte quotidienne, comme des terrains marécageux où il ne faut poser le pied qu'avec précaution ; mais d'où pourtant, si on ne veut y croupir, il faut bien sortir si on s'y est égaré.

En se mêlant à un genre d'activité quelconque, on finit, presque toujours, par le prendre pour but principal de ses efforts, alors, qu'en premier lieu, on ne s'y était mêlé que comme moyen de réaliser plus vite, le but poursuivi, finit par aborder toutes vos facultés, et vous faire prendre pour but le moyen.

Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, mais bien frappant, je citerai le cas des collectivistes qui, autrefois, furent révolutionnaires, et en sont si éloignés aujourd'hui, quoiqu'ils prétendent toujours y être restés.

Je me rappelle à mon début, dans la propagande, il y a bientôt vingt ans, je marchais avec eux.

Leur propagande était absolument révolutionnaire. Ils conspuaient le parlementarisme, affirmant qu'il ne pouvait apporter aucune amélioration au sort des travailleurs. «Que la révolution, seule, pouvait préparer le terrain à la société nouvelle».

Cependant, ils n'allaient pas jusqu'à se déclarer abstentionnistes.