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son seul agrément, la moindre parcelle de terrain, tant qu’il y a un seul être ne mangeant pas suffisamment à sa faim, la prochaine révolution aura pour but de remettre la terre aux mains de ceux qui voudront la cultiver, l’outillage à ceux qui voudront le manœuvrer.

C’est tout cela que l’anarchie cherche à démontrer au paysan, lui expliquant que les maîtres qui le rançonnent, exploitent également le travailleur des villes ; essayant de lui faire comprendre que, loin de considérer ce dernier comme un ennemi, il doit lui tendre la main pour s’aider mutuellement dans la lutte pour la vie, et arriver ainsi à se débarrasser de leurs parasites communs.

À l’ouvrier, elle démontre qu’il ne doit pas espérer son affranchissement de sauveurs providentiels, ni des palliatifs que lui font miroiter les fantoches de la politique qui veulent capter ses suffrages pour le dominer, que l’émancipation individuelle ne se fera que par la propre action de l’individu, ne sera le résultat que de sa propre énergie, de ses propres efforts, lorsque sachant agir, il usera de sa liberté au lieu de la demander.


L’anarchie ne s’adresse pas qu’à ceux qui meurent de misère. Manger à sa faim est un droit primordial qui prime tous les autres et vient en tête des revendications de l’être humain. Mais l’anarchie embrasse toutes les aspirations et ne néglige aucun besoin. La liste de ses réclamations comprend toutes celles de l’humanité.

Mirbeau, dans ses Mauvais bergers fait proclamer, à des ouvriers en grève, leur droit à la beauté. Et,