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plumes, c'est faire preuve d'un très bon cœur, mais peut devenir dangereux aux époques de lutte.

Libre à ceux à qui il plaît de se créer ainsi, en leur cerveau, un petit paradis d'amour, d'abnégation et de contemplation, de donner libre cours à toutes leurs rêveries de sentiments éthérés, mais les choses de propagande sont plus complexes.

Tous, nous voulons un idéal, où les concepts de l'individu seront assez larges pour lui faire tout comprendre et tout pardonner, où les liens sociaux seront assez larges pour que, pouvant s'écarter de ceux qui ne vous conviennent pas, on ait le champ libre d'agir à sa guise.

Mais, malheureusement, nous ne sommes pas encore à cet état social idéal. Nous sommes en lutte, et pour réaliser cet idéal, et pour sortir de l'état présent.

Or, en lutte, il faut se garder de toute sensiblerie, se défier plus encore des faux amis que des ennemis déclarés. Tous les hommes sont pour nous des frères !.. à condition que nous ne serons plus opprimés ni exploités.

Avec ces théories de ne voir dans la propagande qu'une justification de la soif de jouir par n'importe quels moyens, je vois qu'on nous mène tout droit aux «trente sous» de la Commune qui étaient là les jours de paie et de distribution, brillant comme des ânes, mais se réfugiant chez le marchand de vin pour se saouler comme de cochons, alors que ceux mus par l'idée étaient à se battre.

La lutte implique sacrifices, et la réalisation de notre idéal n'est possible que par la lutte. Or, nous voulons être certains que ceux avec lesquels nous