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sacrifices même pour l'idée ; que n'était qu'en donnant satisfaction à tous ses penchants, que l'individu arriverait à s'affranchir. On alla jusqu'à dire que l'idéal serait que la propagande fît vivre celui qui la faisait.

J'ai déjà discuté cette idée dans L'Individu et la Société,je n'y reviendrai pas ici, mais ce que cette idée a perverti de camarades dévoués et désintéressés au commencement ! ce qu'elle a été funeste et pernicieuse sur certains caractères ! le mal qu'elle a fait en détournant de leur destination des efforts qui, sans cela, auraient été consacrés à la diffusion de l'idée ! Il faut avoir vu le mouvement de près pour s'en rendre compte.

Aussi, l'idée du vol flattait trop de passions pour qu'elle ne fût pas saisie «au vol» par ceux qui trouvaient plus agréable de vivre de la propagande que de contribuer à ses efforts.

Mais cette façon de procéder est bien trop déprimante pour que des convictions y durent longtemps.

Il y eut beaucoup de vols dont les auteurs se réclamaient de l'idée anarchiste, mais dont la propagande, que je ne sache, ne profita guère. A moins que l'on ne considère comme actes de propagande, quelques placards injurieux, plus ou moins teintés d'anarchie, simplement faits pour satisfaire quelques rancunes de leurs auteurs ; plutôt dirigés contre des personnalités que contre une institution ou une iniquité sociale.

Pour ma part, j'en ai connu quelques-uns qui furent de dévoués compagnons lorsqu'ils entrèrent dans le mouvement, capables de très grands sacrifices en faveur de l'idée ; mais qui, entraînés