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sa dignité envers les exploiteurs devient de plus en plus difficile à concilier, et celui qui n'a pas l'échine souple, chôme toujours de plus en plus, jusqu'à en être, souvent, réduit au suicide, à la mendicité ou au vol. Que voulez-vous qu'il choisisse ? ».

Cela déplace la question, mais ne la résout pas. Le dilemme n'est pas absolu.

Mendier, voler, travailler, sont des adaptations à la société actuelle, où l'individu choisit la voie la plus conforme à son tempérament, selon la dose d'énergie, ou le mode d'éducation qu'il a reçue.

Celui qui veut vivre, qui n'est animé par aucun autre idéal que celui de s'accommoder, du mieux qu'il peut, aux conditions dans lesquelles il se meut, - à moins qu'il n'ait déjà un tempérament instinctif de révolté — celui-là se pliera aux exigences du patron pour s'assurer la pitance.

Prenez-le à un degré d'avachissement plus bas, il s'habituera à tendre la main, et, méprisant celui qui travaille, il trouvera beaucoup plus intelligent de vivre de tromperies et de sollicitations.

Le vol, l'escroquerie, n'emploient guère que les mêmes moyens et mensonges pour capter la confiance de ceux qu'il s'agit de duper. Seulement ici, l'individu consent à courir quelques risques pour obtenir davantage en se servant lui-même.

Vivre ! c'est le droit de quiconque existe ; satisfaire ses besoins, développer son être ! voilà le but de toute existence, et la façon d'y réussir varie selon