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faut quémander une place comme si on la mendiait.

Cela abaisse les caractères, c'est indéniable ; mais je ne crois pas que personne ait dit qu'il fallait subir les rebuffades sans protester, subir les exigences patronales sans se révolter.

Mais, pas que je sache, personne n'a dit que, pour s'assurer du travail, il fallait que le travailleur courbât l'échine, se laissant traiter en paria.

C'est justement parce que nous trouvons que les travailleurs s'avachissent trop que nous cherchons à leur inspirer le redressement de leur dignité, que la propagande anarchiste vise à travailler au redressement des caractères, et que nous applaudissons aux actes de révolte qui en marquent l'acheminement.

Seulement, le travail étant la base de la vie, puisque ce n'est que par lui que les êtres humains peuvent obtenir ce qui est nécessaire à la satisfaction des besoins de leur existence, il ne peut donc avoir rien de dégradant ni de déprimant par lui-même.

Ce n'est que par les conditions dans lesquelles il s'opère ou s'obtient qu'il avachit l'individu. Or, l'idée anarchiste apprend aux individus à ne pas accepter ces conditions.

Et, de fait, nous voyons des individus garder leur dignité dans le travail, sachant imposer à leurs exploiteurs le respect de leur personnalité ; tandis que le vol sournoisement opéré, ne comporte que mensonge et hypocrisie.

«Mais le nombre des sans-travail augmente sans cesse, » répond-on, « trouver du travail et garder