On se contente de les mépriser, c'est tout ce qu'ils valent.
La guerre est devenue sociale. On sait que tous les maux viennent des institutions économiques ; c'est aux individus qui les représentent, qui en vivent, que vont les haines des exploités.
Et dans cette guerre-là, personne n'est en dehors de la lutte. On crève sous l'organisation sociale, ou on en vit.
Sont-ils plus activement, que les bourgeois du Liceo, mêlés à la lutte tous ces miséreux qui, dans notre état social, n'ont jamais connu que les privations et la faim ? Est-ce que, davantage que le plus obscur des bourgeois, ils sont dans la lutte active tous ceux que la misère pousse au suicide ? Tous ceux qui souffrent et s'étiolent sous votre oppression de fer ?
Des millions de pauvres souffrent et meurent dans notre société, sans jamais s'être inquiétés de la place qu'ils y occupent, de celle qu'ils devraient y tenir, sans jamais s'être demandé d'où découle leur misère, d'où vient le luxe de leurs exploiteurs ? Pourquoi ceux-ci ont tout à satiété sans rien produire ? Pourquoi eux-mêmes, en retour de ce qu'ils produisent, n'ont que la misère et les privations ?
Cela les empêche-t-il de tomber, fauchés par les maladies et la misère, d'être emportés par la tourmente ?
La lourde machine sociale ne les en broie pas moins tous les jours ; à chaque instant, de leurs rangs, il en tombent mourant à la peine, à côté des richesses et du luxe qu'ils contribuent à produire, ayant passé, dans la douleur et la souffrance, le peu de vie qu'ils ont vécue.