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on n’aura pas d’autre remède à apporter que l’application d’une loi nouvelle.

Cette ignorance des hommes fait que les institutions humaines, une fois établies, résistent aux changements de forme. On change les noms mais la chose reste.

Les hommes n’ayant pu encore arriver à une conception sociale autre que l’autorité sont condamnés à tourner dans le même cercle, tant qu’ils n’auront pas changé leur conception : Royauté, empire, dictature, république, centralisation, fédéralisme, communalisme, au fond, c’est toujours l’autorité, sous le nom d’un seul, ou sous l’apparence de la majorité, toujours la volonté de quelques-uns imposée à l’universalité.

D’autre part, si l’individu augmente ses connaissances d’une façon continue, ce n’est que d’une façon très lente ; cependant il est arrivé aujourd’hui au point que, pour se développer en toute son intégrité, il faut que son autonomie soit complète, que ses aspirations se fassent jour librement, qu’il puisse les développer dans toute leur expansion, que rien n’entrave sa libre initiative et son évolution.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, enfin, les anarchistes tirent, de cette critique de l’organisation sociale actuelle, ce premier enseignement : que les lois humaines doivent disparaître, emportant avec elles, les systèmes législatif, exécutif, judiciaire et répressif qui entravent l’évolution humaine, suscitant des crises meurtrières où périssent tant de milliers d’êtres humains, retardant l’humanité entière dans sa marche en avant, l’entraînant quelquefois à la régression.