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fait que les individus, lâchant l'idée elle-même pour le moyen, ne voient plus que les petits côtés d'une question.

Tels ceux qui croient à la possibilité de telle ou telle réforme, tels ceux qui s'imaginent que l'abstention est toute l'anarchie, tels ceux encore qui en sont arrivés à prendre la révolution comme but, alors qu'elle n'est qu'un moyen.

C'est que tout le monde voudrait toucher les moyens «pratiques» pouvant faire avancer plus vite l'évolution humaine, et le but leur paraissant si éloigné, qu'ils le lâchent pour le fantôme qui, leur semble-t-il, doit les faire chevaucher plus vite.

Il n'y a que lorsqu'on en a essayé — si l'on réfléchit sainement sur ses actes — que l'on peut s'apercevoir que le chemin parcouru n'a fait que vous éloigner du but initial.

Toutes ces confusion d'idées contribuent à éterniser ce préjugé qui fait croire aux gens que, lorsque les anarchistes préconisent aux individus de ne plus compter que sur eux-mêmes, sur leur seule initiative, de ne plus s'occuper de ce qui est légal ou illégal, mais de toujours agir en conformité de leur pensée, qu'il s'agit toujours de tuer et d'incendier !

Ainsi, par exemple, lorsque nous élevons contre l'ignorance des députés socialistes, allant, — comme ils ne le font que trop souvent — dans les grèves, prêcher la patience et la résignation, les gens viennent vous dire :