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disant pratiques, pour vagabonder un peu à travers l'idéal, puisque cela a pour effet de forcer à marcher ceux qui, à chaque tournant de route, ne demanderaient qu'à s'arrêter.

Mais il y a une autre classe de réformistes, de très bonne foi sans doute, je veux bien le croire, qui, sans trop de difficultés admettent que la société n'est pas ce qu'il y a de mieux organisé, qu'elle devrait bien accorder plus de bien-être, plus de loisir à celui qui travaille, mais affirment également qu'il y a des droits acquis qu'il faut respecter, qu'il n'y a de réformes légitime que celle qui ne touchera pas aux droits sacrés du capital.

«Les patrons» disent-ils, «subissent des conditions de lutte dont ils ne sont pas les maîtres et qu'ils n'ont pas créées ; il y a un niveau de salaire dont les travailleurs doivent tenir compte dans leurs réclamations».

Eh ! oui, votre société est ainsi constituée, que les individus, par leurs intérêts antagoniques, se trouvent à l'état perpétuel de lutte. Nous avons un état social si beau que, les privilégiés voudraient-ils tenir compte des droits des spoliés, leur bonne volonté se trouverait réduite à néant, car, alors, ils ne pourraient pas soutenir la lutte contre leurs autres concurrents. Oui, nous avons une organisation économique qui condamne le travailleur à une situation médiocre sans fin, à une privation perpétuelle dans la satisfaction de ses besoins. Et c'est la condamnation