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nos idées seraient à pouvoir être discutées, et que tout ce qui veut respecter ce qui existe, jouirait, par contre, du droit d’échapper à toute investigations ?

Si nous nous apercevons que, consciemment ou non, on nous leurre, que l’on amuse les spoliés de l’ordre social avec des sornettes, pourquoi n’aurions-nous pas le droit de le crier bien haut ? Lors même que l’auteur du projet de réforme serait parfaitement convaincu de sa perfection ; sa conviction l’en fait-il meilleur ?

Est-ce notre faute, à nous, si la mécanique sociale est ainsi faite que, ne tenant aucun compte des intentions, elle poursuit aveuglement sa marche, réglant à la sienne celle des engrenages nouveaux que l’on tente d’y introduire, ou bien les brise lorsqu’ils ne peuvent trouver place dans le mécanisme ?

Établie pour assurer la bonne marche de l’exploitation capitaliste, notre société fait tourner au plus grand profit de son organisation toute amélioration qui lui est apportée. Pour que tous les travailleurs, dans la société actuelle, profitent d’une amélioration matérielle, il faudrait porter atteinte à ce que les capitalistes nomment leurs droits. Essayez donc de le faire sans révolution.

Si ladite réforme apporte un bien-être réel à une portion de la société, sans toucher aux « droits du capital », c’est qu’elle aura rejeté la part de fardeau de ceux-là, sur de moins favorisés. Elle n’aura allégé certaines misères qu’en ajoutant à certaines autres.

Quel que soit le point de notre programme