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parlent de l’anarchie, comme des aveugles pourraient parler de couleurs.

Sans s’en apercevoir, sans doute, ils se tiennent le petit raisonnement suivant :

« Les anarchistes trouvent rétrograde mon projet de loi ayant pour but de limiter les droits du patron ; ils repoussent les plus belles réformes qu’on leur présente, ce ne peut être qu’un parti-pris de leur part ; c’est certainement parce qu’ils ne croient qu’à la révolution. Ils ne connaissent qu’elle, et voilà pourquoi ils repoussent toute réforme qui, appliquée, aurait pour effet d’éviter la lutte qu’ils veulent à tout prix ».

Et ce raisonnement leur paraissant très logique, ils s’emballent dessus, s’imaginant très sincèrement combattre la théorie anarchiste, tandis qu’ils ne combattent que les moulins à vent de leur imagination.

Si au lieu de se demander pourquoi ils repoussent telle et telle réforme, on se demandait « pourquoi les anarchistes sont révolutionnaires ? » cela, peut-être, amènerait ceux qui prétendent nous réfuter, à fouiller un tout autre ordre d’idées qui les ferait, sans doute, raisonner différemment.

On verrait que les raisons que nous donnons, pour ne pas nous embrigader à la suite des politiciens qui font miroiter, aux yeux des travailleurs, les bienfaits de lois réformatrices, sont tout autres que celles que l’on suppose.

On verrait que les anarchistes ne sont pas les partisans de « l’art pour l’art » que l’on s’imagine ; que leur conception va plus loin que l’admiration du « beau geste », qu’ils ne sont nullement des