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Comme l’entendent les anarchistes, au contraire, pas de complications, pas de surprises. Il n’y a pas besoin d’attendre la bonne volonté de législateurs plus ou moins intéressés à atermoyer, sinon à agir contre. Pas besoin de lutter pour constituer des majorités ondoyantes, toujours fuyantes, au milieu d’intérêts si contradictoires.

La majorité qu’il s’agit de grouper, pas même majorité, minorité résolue et active, se trouve parmi ceux, seulement, qu’intéresse la question ; plus près, par conséquent, à se rallier à ce qui leur sera démontré le plus propre à réaliser une amélioration pour eux.

Le champ d’action étant plus circonscrit, les intérêts opposés moins nombreux, il faudra beaucoup moins de temps pour propager l’idée que l’on voudra réaliser et trouver le noyau initiateur résolu d’agir.

Lorsqu’une corporation veut se mettre en grève, va-t-elle chercher l’assentiment du pays entier ? — Elle commence par cesser le travail lorsqu’elle se croit assez forte pour soutenir la lutte. Ce n’est même, le plus souvent, qu’une petite minorité parmi la corporation elle-même, entraînant les indécis à sa suite. Ce n’est qu’ensuite que l’on fait appel à ceux qui peuvent la soutenir.

Et c’est comme cela que l’on doit faire, chaque fois que l’on veut réaliser quelque chose. La foule, ensuite, se range derrière le fait accompli.

En passant, j’ai parlé des lois inappliquées parce que, ou la foule n’était pas encore arrivée au degré de développement qu’elles comportent ou parce