Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
L’Urugay.

et ses mâchoires armées de dents aiguës sont redoutées des indigènes, à cause de ses dangereuses morsures. Elle est très friande des œufs d’autruches, et quand elle en découvre, comme la coquille est très résistante et offre peu de prise à ses dents, à l’aide de ses pattes de devant, elle en tire un hors du nid, recule d’une dizaine de pas, s’élance, et en passant à côté de l’œuf, elle lui donne un vigoureux coup de queue ; l’œuf est brisé, et le contenu bientôt avalé. Cette ruse m’a été affirmée par des estancieros dignes de foi.

Auguste était pêcheur, et avait posé des nasses dans une des rivières du voisinage ; il m’invita à aller les retirer. Je n’avais pas encore de monture, il me sella un cheval de l’établissement, et au petit trot — je n’étais encore qu’apprenti cavalier — nous nous dirigeâmes vers le cours d’eau. C’était une rivière encaissée, aux berges très élevées ; au fond du ravin l’onde coulait claire et pure ; la tralarira, poisson ressemblant à notre truite, y abon-