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L’Urugay.

ou tout autre récipient ayant à peu près la même forme ; on verse par dessus de l’eau chaude, et on se sert d’un tube en argent, bombilla, terminé par une petite pomme d’arrosoir, pour sucer cette infusion ; la pomme d’arrosoir plonge dans le récipient, et empêche les petites parties de jerba de s’introduire dans le tuyau. La domestique, indienne ou négresse, prépare le mate, le présente d’abord à la maîtresse de la maison, qui en suce le contenu à petites gorgées, car ce liquide est brûlant ; elle ajoute de nouveau de l’eau bouillante et le présente à la personne suivante qui le suce également, et ainsi de suite en faisant le tour de la société. J’ai vu cette opération se répéter quelquefois deux, trois et quatre fois ; un vrai gaucho ne se lasse pas de boire du mate, il en prend le matin, à midi, le soir, à toute heure de la journée, tantôt suçant une gorgée de mate, tantôt humant une bouffée de sa cigarette. Pour l’Européen bien élevé, ce manège a quelque chose qui, de prime abord, lui inspire