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L’Urugay.

noires et brunes se mettent en mouvement ; ce sont des troupeaux qui prennent la fuite ; les taureaux beuglent, les chevaux hennissent en secouant leurs longues crinières, les vanneaux, toujours deux par deux, jettent dans l’air leur cri si connu teru-teru, et planent de leur vol indécis ; de longues bandes sinueuses de moutons s’allongent sur les collines, des chevreuils peu farouches dressent hors de l’herbe leur tête couronnée comme celle de nos cerfs, et suivent avec curiosité le passage de la diligence ; des autruches au pied rapide, comme dirait Homère, fendent la plaine, et cherchent une retraite loin de nos regards.

Je suis chasseur, aussi au premier relais, le fusil à la main, fusil à âme lisse il est vrai, je me mets en campagne. L’autruche américaine ne fuit pas l’homme à pied, ce qui revient à dire qu’on peut l’approcher à une cinquantaine de mètres : me voilà tirant, courant, tirant encore et tiraillant toujours, mais l’émotion, la cha-