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Aventures, Chasses et Mœurs.

pondent-ils avec la plus grande facilité. La Plaza de la Constitución est carrée et plantée d’arbres, et le soir, les jolies Montevidéennes, aux regards langoureux, en grande toilette, accourent y étaler leurs grâces, en écoutant les mélodies d’une musique militaire. Le café Gault, à côté de la Cathédrale, est le rendez-vous de la bonne société, et on peut y admirer la finesse des petites mains des Américaines qui viennent y prendre des glaces, pour calmer le feu qui les dévore. De somptueux hôtels et de riches maisons de banque ne le cèdent en rien à nos constructions les plus aristocratiques. Toutes les nations ici se coudoient, mais trois peuples ont le haut du pavé, les Français, les Espagnols et les Italiens ; on peut même dire que Montevideo est une ville tout aussi française qu’espagnole. Sans cesse bouleversée par des révolutions, elle souffre et ne peut atteindre l’état florissant auquel elle a droit ; cependant, malgré les blocus les plus désastreux, malgré les luttes les plus fratricides, elle s’agrandit, s’embellit,