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L’Urugay.

de décharger les marchandises en destination de Rio, et le lendemain nous reprenions la direction du Sud. Encore cinq jours et je pourrai saluer Montevideo la belle.

J’ai oublié de vous dire qu’à bord se trouvaient deux Paraguayens, envoyés par le gouvernement de Lopez à Londres, pour y suivre les cours des arts et manufactures et de mécanique. Forcés de reprendre le chemin de leur patrie, faute de ressources pour continuer leurs études, ces deux jeunes gens, les meilleurs du monde, avaient contre les Brésiliens la haine la plus incarnée. L’un était brun et avait du sang indien dans les veines ; l’autre, blond, était le descendant d’un Anglais établi au Paraguay. Nous nous prîmes d’amitié ; eux savaient l’espagnol et l’anglais, moi quelques mots d’espagnol, nous nous comprenions facilement. Je les aimais réellement, et nous bûmes plus d’une bouteille de pale-ale à la réussite de la guerre.

Quand le navire entra dans le port de