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L’Urugay.

de vrai, et sortis pour voir encore un peu les Brésiliens. J’assistai à l’embarquement de malheureux nègres que le gouvernement de Dom Pedro recrutait de toutes parts, un peu par l’argent, beaucoup par la force, et expédiait au Paraguay pour combattre les valeureux soldats de Francisco Solano Lopez. Leurs uniformes me faisaient l’effet d’être les défroques de nos garnisons européennes ; ils tenaient leurs fusils avec une nonchalance et un manque de pratique, qui révélaient la faiblesse de leurs sentiments guerriers. Pauvres diables arrachés à l’esclavage pour être conduits à la mort !

Pour ne donner qu’une idée des boucheries que les braves Paraguayens faisaient de ces infortunés — et remarquez que presque toujours les soldats du Suprême, Lopez portait ce nom, armés d’un simple couteau, attaquaient les Brésiliens — je citerai le fait connu dans toute l’Amérique du Sud, que la quantité de cadavres que charriaient le rio Paraguay et le