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L’Urugay.

est couvert d’une fine poussière qui pénètre partout, malgré la précaution du capitaine de faire fermer l’entrée des cabines avec une toile à voile. Tout est noir, l’atmosphère est saturée de molécules de charbon qui font l’effet de tabac à priser sur mon appareil olfactif. Le lendemain les soutes étaient pleines, et vers dix heures, le capitaine fit tirer le coup de canon réglementaire pour prévenir tous les passagers de se trouver à bord. Je dis adieu à St-Vincent et me mis à peler des oranges que j’avais achetées pour une bagatelle : quelle différence avec les oranges vendues quatre cents, cinq cents dans les rues de Liège, rien de flasque et d’aigrelet, quel parfum, quel jus agréable !

Les matelots font gémir le cabestan sous leurs efforts, une légère secousse fait tressaillir le navire, l’ancre est levée. L’hélice fait de nouveau bouillonner les flots, nous reprenons la direction du Sud, en droiture sur Rio de Janeiro.

Tout à coup un rassemblement tumul-