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L’Urugay.

tient un dépôt de combustible ; j’avais donc le temps de satisfaire ma curiosité.

Je me levai à la pointe du jour, et quel ne fut pas mon étonnement de voir le navire entouré d’une foule de petites embarcations, montées par des nègres très-peu vêtus. Ils vendaient de la canne à sucre, des figues, des oranges, des bananes, et criaient le prix de leur marchandise dans un mélange de portugais, d’anglais, de français et d’espagnol. Je fis signe à un de ces moricauds, et moyennant un shilling il me déposa sur la côte. Je saluai cette terre, le cœur tout ému, et allai tenir un speech à cette chaude nature, quand mes yeux rencontrèrent un groupe de jeunes mulâtresses et négresses ; instinctivement je me dirigeai de leur côté. Quels yeux, quelles dents, quelles grâces ! mollement couchées ou assises par terre, avec des poses langoureuses, une simple chemise couvrant leurs formes proéminentes, elles avaient l’air de déesses de l’antiquité, et me rappelaient certains ta-