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L’Urugay.

du vent dans les voiles, qui claquaient de temps en temps avec un bruit détonnant semblable à un coup de canon, les cris des matelots pour s’exciter dans leur travail, le son perçant des sifflets des capitaines d’armes, et vous aurez une idée de ma situation. Peu à peu la mer revint à de meilleurs sentiments, et, honteuse de son courroux, nous laissa mollement voguer sur son sein le plus doux. Le lendemain, des caisses, des planches flottées par l’Océan furent les tristes indices des sinistres qui s’étaient accomplis dans les ténèbres.

Dans l’après-midi je vis pour la première fois des poissons volants ou exocets ; gros comme des harengs, ils volent avec difficulté et ne sortent des ondes que pour s’y enfoncer de nouveau après un vol d’une centaine de mètres ; la trajectoire qu’ils décrivent ressemble à celle d’une flèche, leurs ailes ne sont que des nageoires pectorales très développées. Ils volent quelquefois par bandes, et une