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Aventures, Chasses et Mœurs.

giner celui qui ne l’a ressenti. Fatigué de ce spectacle, je traversai le pont avec la plus grande difficulté pour me rendre à ma cabine ; ce n’est qu’en formant un angle très ouvert avec mes jambes, que je pus me maintenir en équilibre, et les bras étendus, je manœuvrais comme un danseur de corde. J’entrai dans mon lit, comme un renard dans sa tanière, car j’ai oublié de vous dire, que l’intervalle entre ma couchette et celle de mon voisin supérieur n’était que de cinquante centimètres ; aussi m’est-il arrivé plus d’une fois, en me levant de me heurter la tête contre le fond du lit de mon superposé. Le mouvement du roulis était tellement violent que, pour me maintenir en place, je fus obligé d’arc-bouter mon corps avec mes coudes contre les parois du lit. Ajoutez à cela les mugissements des vagues, les craquements du navire, les mouvements désordonnés de l’hélice qui, soudain manœuvrant dans le vide, tournait avec fracas ; les pas précipités des matelots sur le pont, les goddam du capitaine, le bruit