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L’Urugay.

quarantaine de mètres du steamer, apparut une baleine qui se mit à lancer en l’air le traditionnel jet d’eau, avec un bruit semblable à celui produit par un échappement de vapeur ; le spectacle était nouveau pour nous, aussi nous mîmes-nous à suivre le cétacé dans ses évolutions ; il paraissait se soucier fort peu de notre présence, et nous montrait tantôt la tête, tantôt la queue, tantôt la nageoire dorsale qui ressemblait à une voile latine et qu’il manœuvrait comme un immense éventail. Il me prit fantaisie de tirer sur l’animal et fus demander au capitaine l’autorisation d’envoyer quelques balles de carabine au monstre ; mon arme, de fort calibre, lançait des projectiles qui avaient une force de pénétration étonnante, et je ne désespérais pas, en visant à la tête, de blesser, sinon grièvement, le colossal mammifère. Mais le capitaine ne me permit que le tir au revolver : j’étais navré. Que pouvait contre cette masse, et à quarante mètres, une balle de revolver, faible calibre ! à peine lui chatouiller