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L’Urugay.

et une foule de pensées m’en empêchèrent. La nuit fut calme : bientôt, au roulis du bâteau, je reconnus que nous étions dans la Manche, et au lever du jour je pus m’en convaincre ; dans la brume, à droite, je distinguai les côtes crayeuses de Douvres ; tandis que devant nous s’étendait l’immensité de l’eau, encore de l’eau et toujours de l’eau. Je fus à même de juger de la mauvaise réputation du canal : de nombreuses vagues venaient de tous côtés se briser contre les flancs du bâtiment, mais notre hélice mue par une machine de cinq cents chevaux, se moquait de ces attaques, comme un molosse d’une bande de roquets. Nous marchions avec la plus grande prudence ; car vous savez tous, que la Manche pullule en hauts fonds, et de grosses bouées en sont les vigilantes sentinelles.

Le trois, vers deux heures, nous entrâmes dans le port de Falmouth. Un anglais de première classe, à qui j’avais plu sans doute, m’invita à descendre à terre ; j’acceptai. Il me conduisit dans un