je pris le chemin qui devait me faire revoir mon pays. Mes élèves et leurs sœurs pleuraient à chaudes larmes ; ils ne cessaient décrier : adios maestro, que le vaya bien, adios !… et le cœur gros je leur lançai un dernier adieu.
Je suis dans le véhicule, et tout seul ; les voyageurs redoutaient probablement l’état politique du pays ; de plus le capataz, conducteur, m’annonça que c’était son dernier voyage, pour la bonne raison que le service n’était plus possible.
Courage, me dis-je, tu as des armes, et le cas échéant tu vendras chèrement ta vie ! Je ne fus pas inquiété et, après deux jours et demi de course folle, je roulais de nouveau dans la rue du dix-huit juillet. La révolution avait déjà laissé ici des traces de vandalisme, les façades des maisons étaient mouchetées par les balles, et de grandes ouvertures dans les murs indiquaient par-ci par-là le passage d’un boulet de canon.
La diligence s’arrête devant la fonda