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L’Urugay.

habitués à de semblables exécutions. Le lendemain, le pauvre vieux père — je le connaissais, — alla chercher le cadavre de son fils, l’enveloppa dans un cuir et le confia à la terre aux environs de son rancho.

J’appris par quelques voisins amis que les révolutionnaires, possesseurs de deux mauvais canons en fer, connaissant mon adresse au tir, voulaient par la force m’en confier le commandement. Je communiquai cette nouvelle à Pedro W… qui me conseilla de prendre le plus tôt possible le chemin de Montevideo ; il connaissait les façons d’agir de ces messieurs qui, en cas de refus, se seraient certainement emparés de ma personne. Une diligence devait passer le lendemain à la pulperia de Juan E… ; j’envoyai un billet à ce dernier, le priant de faire tout son possible afin d’obtenir une place pour moi. Mes bagages furent mis sur une charrette et transportés au relais. Je réglai mes comptes avec l’estanciero qui me compta une somme de quinze onces d’or, je dis adieu à cette famille de braves gens et, tout ému,