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L’Urugay.

cheval aux barreaux de la grille de ma fenêtre, pour éviter autant que possible qu’on ne me le volât. Un matin, en train de m’habiller, je vois apparaître un grand gaillard au teint cuivré, avec des cheveux noirs et raides lui descendant jusqu’au milieu du dos, qui hardiment s’empare de ma monture.

Amigo deja este caballo, es el mio, soy estranjero ! Ami, laissez ce cheval, il est à moi, je suis étranger !

Lo preciso, compadre, aqui tiene usted un otro que esta un poquilo cansado ! J’en ai besoin, confrère, voici un autre qui est un peu fatigué !

Effectivement j’aperçois derrière le mien un cheval gris-pommelé, gros, court sur jambe, la tête basse, paraissant implorer pitié et, dans sa lassitude, essayant nonchalamment de brouter un peu d’herbe. De tous côtés arrivaient des cavaliers, je dus me taire. Je vis bayo disparaître dans la foule des guerrilleros qui passaient dans le plus grand désordre ; quelques-uns