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Aventures, Chasses et Mœurs.

Deux choses suffisent à un officier, — à un chef de brigands veux-je dire, car quiconque a quelques vagabonds sous ses ordres s’intitule vaniteusement de capitaine — pour maintenir ses cavaliers : du tabac et de l’eau de vie ; pour ce qui regarde le reste, les guerilleros s’en chargent eux-mêmes. C’est triste à dire, mais c’est ainsi, le premier crétin venu peut faire une révolution dans l’Uruguay.

Nous disions donc que son Excellence le colonel Aparicio, — si je ne me trompe, il marchait nu-pieds, — se promenait en triomphe dans les plaines baignées par le Rio Negro. Il était respecté, car il avait la force pour lui, il était craint, car il avait droit de vie et de mort, aussi ce vandale ne se souciait-il pas plus de l’existence d’un homme que d’une cigarette ; sur un signe du tyran, par caprice, vengeance ou hallucination alcoolique, un honnête citoyen était égorgé ; pourquoi ? pour un chiffon rouge ou blanc !

Par précaution j’avais attaché mon