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L’Urugay.

par les pluies, est violent, les bêtes se bousculent, il s’en suit un pêle-mêle indescriptible et le tropero perd une bonne partie de son bétail qui est noyé. Dans le second cas, les animaux, terrifiés par le bruit de la foudre, aveuglés par les éclairs, se précipitent dans toutes les directions : la débandade atteint des proportions énormes, surtout si cet accident a lieu la nuit ; maître et domestiques ont beau se multiplier pour s’opposer aux vagues de cornes menaçantes, bon nombre de bœufs parviennent à s’échapper, et, par leur fuite, causent de sensibles préjudices à leur propriétaire. Quand après bien des dangers, bien des alertes, le troupeau est arrivé près de Montevideo, il est enfermé dans un vaste enclos en attendant le triste sort qui lui est réservé, celui d’être tué et salé.

Les saladeros sont de vastes hangards, où l’on immole jusqu’à deux mille bêtes à cornes par jour ; la viande qui forme d’énormes masses sanglantes, est salée et