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Aventures, Chasses et Mœurs.

Une chose à remarquer, c’est que l’animal, bête à cornes ou cheval, est tellement attaché au pâturage qui l’a vu naître, querencia, que lorsqu’il est entraîné loin de cet endroit, il fait tous ses efforts pour y revenir. C’est ainsi que, lors des révolutions, les guerilleros emmènent tous les chevaux de selle qu’ils rencontrent sur leur passage, mais ceux-ci profitent de la première occasion pour regagner la prairie natale, à tel point, que la campagne est parcourue jour et nuit par de nombreux fuyards à la recherche de leur querencia, et ils ne se trompent jamais. Aussi le tropero est-il toujours sur pied, pour s’opposer à la fuite des membres de son troupeau, mais son zèle doit redoubler lors du passage d’une rivière ou en temps d’orage. Dans le premier cas les animaux doivent être poussés doucement à l’eau, précédés de quelques cavaliers et de plusieurs bœufs domestiques qui leur montrent le chemin à suivre pour ne pas s’embarrasser mutuellement. Quand le courant, augmenté