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Aventures, Chasses et Mœurs.

Entraîné par mon ardeur de Nemrod, monté sur bayo, je m’étais enfoncé dans un bouquet de bois du rio de la Palmas ; les arbres étaient de haute futaie, et le sol humide disparaissait sous une luxuriante végétation. Mes yeux inquisiteurs fouillaient le terrain. Quelle n’est pas ma surprise, en élevant les regards, d’apercevoir trois paquets en cuir, ayant la forme de hamacs, suspendus à des branches ! Piqué de curiosité, je m’approche, oh horreur ! ces cuirs contenaient des cadavres et laissaient suinter un liquide visqueux qui, goutte à goutte, tombait à terre ; des oiseaux de proie étaient perchés dans leur stupide immobilité sur les arbres environnants. Un sentiment d’effroi m’envahit, je fais rebrousser chemin à ma monture et quitte avec rapidité ce cimetière aérien. L’atmosphère était imprégnée d’une odeur nauséabonde qui me soulevait le cœur ; bayo aussi paraissait tout content. de s’éloigner de cette nécropole, car il respirait avec force et galopait avec entrain.

Un des plus grands revenus de l’es-