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Aventures, Chasses et Mœurs.

trement ? La mère ne porte pas dans ses bras son enfant emmailloté, à la façon des nourrices de l’ancien continent, elle le place à cheval sur une hanche et son bras recourbé lui sert de soutien ; un semblable bébé ne peut devenir que bon cavalier. Le père, pendant qu’il savoure son mate, envoie son fils ou sa fille, enfant de huit à dix ans, faire à cheval un tour dans la prairie pour surveiller les troupeaux. Les gamins s’amusent à prendre au lazo des poulains sauvages ; déjà assez forts pour pouvoir bien les porter, ils sautent dessus et laissent leur jeune monture se livrer aux cabrioles les plus excentriques ; s’ils tombent, les camarades rient de bon cœur. Tout se fait à cheval, l’estanciero ne va à pied que dans son rancho ; pour aller à une distance de cent mètres il monte à cheval. Le cheval, c’est son ami, son inséparable, une partie de lui-même. Il n’est dompté que lorsqu’il a atteint l’âge de trois à quatre ans, c’est-à-dire toute sa croissance ; plus il est fort, vigoureux, rétif, plus le gaucho l’aime : un cheval